Quand penser positif devient toxique

Récemment, une cliente s’adresse à moi en me disant « je traverse une épreuve difficile , comment puis-je switcher et voir le bon côté des choses pour ne plus souffrir de cette situation ? »

Penser positif pour ne plus souffrir : voilà le piège. Piège de la pensée positive qui nous laisse croire qu’il suffit de regarder la vie du bon côté pour évacuer tristesse, colère, frustrations et ainsi être heureux. La réalité, nous le savons tous, est bien plus complexe!

J’avais envie par cet article de déconstruire ces phrases, un peu simplistes il faut le reconnaître, que l’on lit tous les jours sur les réseaux sociaux, nous invitant à penser positif en tous lieux et en toutes circonstances, comme si par magie, le positif, chassant le négatif,  était la voie royale nous menant au bonheur. Les études sur le sujet nous démontrent le contraire.

Etre positif positif est une force, fort utile aujourd’hui dans le contexte si incertain que nous connaissons. Néanmoins, lorsque penser positif devient un leitmotiv au point parfois d’en devenir une injonction y compris dans des situations difficiles, c’est là qu’apparaît la confusion;  C’est précisément quand la pensée positive a pour but de nier ou de rejeter les émotions désagréables qu’elle devient toxique : la personne souffrante va chercher à fuir ou contrôler ses émotions, voire se sentir coupable, « nulle »,  si elle n’y parvient pas.

Rien de pire en effet, quand on est en détresse,  de s’entendre dire « sois plus positive! n’y pense plus! essaie de voir les choses du bon côté! ». Ces invitations qui sont souvent empreintes de bienveillance de la part de notre entourage produisent en réalité le contraire des effets attendus. Si je ne me sens pas validée dans mes émotions, je vais renforcer l’idée qu’elles sont nuisibles et que je dois lutter contre. Or, lutter contre des émotions est une lutte vaine.  Plusieurs études ont démontré les effets néfastes de ce processus de rejet des émotions qui renforce les risques d’une augmentation des symptômes dépressifs.

Car les émotions, qu’elles soient agréables ou désagréables, ont une fonction  et sont utiles : elles nous renseignent sur nos besoins, nos valeurs, nos désirs, et permettent sans cesse d’affiner la connaissance de nous-même et d’avancer sur le chemin du bien-être durable, même si cela passe par des moments difficiles.

Fuir ses émotions désagréables réduit la flexibilité psychologique qui est la capacité d’être conscient, dans l’instant présent, de ses émotions, sans s’en défendre inutilement et de choisir le comportement adapté pour y faire face. La flexibilité passe par l’identification et  l’acceptation de son ressenti, en toute bienveillance avec soi-même. Elle permet de traverser les épreuves de la vie et est un facteur d’équilibre psychologique et de bien-être durable. Accepter ma tristesse après une séparation, accueillir cette souffrance et les ressentis désagréables qu’elle me procure va m’aider à la traverser et à la surmonter.

Ce n’est qu’à partir du moment où l’on accueille et l’on accepte nos émotions désagréables que le travail autour des pensées positives devient intéressant. Dans ce cas,  penser positif ne consiste pas à éviter les émotions désagréables, mais à savourer ce qui est satisfaisant dans notre vie et donner autant d’importance aux événements agréables qu’à ceux qui sont douloureux.

La psychologie positive, notamment celle qui est enseignée en France (voir les travaux de Rebecca Shankland de l’Université de Grenoble) insiste sur le nécessaire équilibre entre le positif et le négatif, et non à la survalorisation du positif en raison de ses effets contreproductifs.

L’équilibrage permet de donner autant d’importance (ni plus, ni moins!) aux émotions agréables et désagréables.

Mais pourquoi parler de rééquilbrage ?  Et bien parce que naturellement il existe un déséquilibre :  notre cerveau a tendance à focaliser et à donner plus de poids aux événements négatifs qu’aux positifs. Ce processus  est lié à l’instinct de survie qui reste à l’oeuvre dans nos fonctionnements souvent inconscients encore aujourd’hui.  C’est ce que l’on appelle le biais de négativité.

La psychologie positive a identifié des pratiques qui permettent de contourner ce biais de négativité pour rééquilibrer notre regard et apprendre à porter notre attention sur ce qui va bien, et à cultiver les émotions positives.

Dans le programme CARE, nous apprenons à faire ce travail de rééquilibrage. Nous apprenons à  accueillir et accepter les émotions désagréables, mais aussi à tourner notre attention vers les événements agréables,  à savourer les moments satisfaisants auxquels habituellement nous ne prêtons pas attention. Nous entraînons notre cerveau à voir l’arc-en-ciel là où parfois il ne voit que du noir et blanc.

Ce programme a été mis au point par des chercheurs et spécialistes en psychologie positive (Christophe André, Rebecca Shankland, Ilios Kotsu, Jean-Paul Durand) et est basé sur des pratiques scientifiquement validées pour accroître la flexibilité psychologique et augmenter le niveau de bien-être durable.

Le programme CARE présenté en 3 minutes :

Vous voulez en savoir plus sur le programme CARE? C’est par ici

2 réflexions sur « Quand penser positif devient toxique »

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